Le crossage, est ancré dans le Nord de la France et dans le Sud de la Borinage. Autrefois florissant, il est encore pratiqué de nos jours au Borinage (et ailleurs) dans ses différentes variantes, même si, comme on s'en doute, la pratique a diminué jusqu'à devenir, bien souvent, quasi anecdotique.
Si le crossage est indéniablement un sport régit par des règles précises, il n'en reste pas moins essentiellement un moment de joie partagé dans la camaraderie.
L'histoire du crossage.Apparenté au jeu de mail, l'histoire du crossage se perd dans la nuit des temps - il est en tout cas attesté à l'époque médiévale. Le 8 juin 1332, le comte Guillaume de Hainaut achète des choles (soules). Bien plus tard, Emile Zola racontera une partie de crossage dans son ouvrage: "Germinal". Comment aurait-il pu en être autrement, tant le crossage est lié au délassement du mineur, entre deux descentes à la fosse. Qu’il soit au paillet, en plaine, ou à l’tonne, le crossage est un sport ancestral dont on dit qu'il est l'ancêtre du golf... et peut-être de tous les sports !
Le crossage connaît plusieurs variantes, dont la dénomination peut varier selon les régions.
- le crossage en plaine (pratiqué en extérieur - le but étant de toucher une planche).
- le crossage à l'tonne (pratiqué dans les rues d'un village - le but étant de frapper un tonneau).
- le crossage au paillet (pratiqué dans l'arrière-cour d'un café - le but étant d'enlever des Prix accroché à une herse).
Le crossage au paillet
Il semblerait que le crossage au paillet soit spécifique au Borinage même s'il est véritablement impossible d'en préciser les origines (aussi bien temporelles que géographiques).
Il s'apparente au tir à l'arc à la herse, jadis très populaire au Borinage - les herses portant les prix sont d'ailleurs assez similaires. Peut-être le crossage au paillet est-il une sorte de dérivé du tir à l'arc, inventée à une époque ou le tir à l'arc, pratique "militaire", a été interdite par les autorités ?
Il s'apparente au tir à l'arc à la herse, jadis très populaire au Borinage - les herses portant les prix sont d'ailleurs assez similaires. Peut-être le crossage au paillet est-il une sorte de dérivé du tir à l'arc, inventée à une époque ou le tir à l'arc, pratique "militaire", a été interdite par les autorités ?
C'est surtout sa pratique en intérieur qui différencie le crossage au paillet du crossage en plaine et à l'tonne (qui se pratiquent respectivement, et en général, dans les champs, et dans les rues d'un village)*.
Historiquement, un espace est prévu à l'arrière d'un débit de boisson. On y place une herse portant les Prix (sous forme d'oiseaux emplumés).
Les crosseurs, parfois par équipe, parfois par individu, emploient alors une crosse pour battre une soule, balle ovoïde en bois, qui est projetée vers la herse dans le but d'abattre un Prix.
* certains prétendent que le crossage au paillet serait la variante la "moins sportive". Ce serait prétendre que le bowling, ou le ping-pong, sous prétexte qu'ils se pratiquent en salle sur une petite surface, sont des pratiques moins sportives que le football ou le basket. A y bien regarder, là où même le Subbuteo se pratique en training, les trois variantes du crossage se pratiquent plutôt en tenue de ville qu'en tenue de sport. La vraie question est: le crossage est-il un "vrai" sport ? Si un sport se définit par une pratique physique définie par des règles, pouvant se pratiquer seul ou en équipe, a réponse est oui... C'est sans doute son côté historique, anecdotique, peu médiatique, et très local qui le réduit à être une sorte d'écho patrimonial d'un sport ancestral. A ce titre, la balle pelote, relique aussi du passé, s'en est mieux sortie (sans doute parce qu'elle est parvenue à rester implantée dans de nombreux villages tout en étant structurée (et harmonisée) dans l'ensemble des pratiques - on ne peut que constater que l'idée de spectacle est nécessaire dans le monde du sport car il entraîne l'existence à part entière de ce sport et facilité le recrutement. Le crossage au paillet est associé au débit de boisson. La raréfaction de l'un a entraîné ipso facto la raréfaction de l'autre. Et l'impression que donne aujourd'hui le public de cabarets (souvent à tort, d'ailleurs), rejaillit inévitablement sur le jeu lui-même, taxé avec une pointe de mépris de "jeu de café". Dans le fond, on n'en est pas loin. C'est un peu la poule et l'oeuf. Mais cela n'a pas empêché le billard, autre "jeu de café", d'être sorti des café pour conquérir une place de choix dans les sports élégants. Si, pour les raisons que l'on vient de voir, sur la forme, le crossage au paillet semble ressortir plus, à l'heure actuelle, d'une sorte de discipline patrimoniale (sur)vivante (et, en soi, ça, c'est une belle façon d'exister), il n'en reste pas moins, sur le fond, un sport, qui implique l'emploi de la force physique et de l'adresse, et le respect de règles établies.